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faut laisser faire les spécialistes !    cf chanson de Léo Ferré

Je lis qu'un viticulteur est poursuivi en justice pour avoir ramassé de nombreux objets archéologiques. Il semble qu'il en ait fait  commerce et pour des milliers d'objets. C'est répréhensible et une condamnation semble normale. Elle doit être financière par rapport aux profits qu'il a réalisés, mais aussi par une participation à des travaux collectifs sur un site archéologique pour une prise de conscience.  
Je pense que l'état (encore lui) fait fausse route dans la plupart des cas. Des milliers de Français sont passionnés par l'histoire de l'humanité.
En vertu de quel principe on leur refuse  le droit de tenir dans leur  main une pièce de monnaie, un ustensile, une arme, ayant traversé les siècles ?  Des milliers de Français rêvent d'un trésor, d'une découverte. Un simple objet ancien trouvé dans les sillons d'un champ fait scintiller un neurone. 
Il faut s'en féliciter et encourager une vertu qui a fait la richesse culturelle de notre pays et par conséquent celle de nos musées.
Mais non, on préfère l'étouffer dans l'oeuf en interdisant tout, en ramenant au plus bas niveau les présentations muséales, et en remplissant jusqu'au plafond les réserves d'objets qui sont vite oubliés.  Certains restent dans des caisses pendant des décennies.  Beaucoup de ces objets se dégradent les étiquettes ne sont plus lisibles. 
La plupart des conservateurs n'ont pas les moyens techniques et financiers de gérer ces monceaux d'objets. Faut-il aussi que cela les intéresse  (l'art primitif par exemple très déconsidéré dans leur cursus). 
En France, un objet qui entre dans un musée n'en ressort jamais en vertu d'une loi instaurée sous Louis XIV. Ailleurs, en Europe, les musées gèrent leurs collections en vendant les objets sans grand intérêt ou faisant doublon, et achètent ceux qui enrichiront leurs vitrines. Cela alimente sainement le marché de l'art, circuit indispensable et inévitable, puisqu'il est dans la nature humaine depuis que l'homme a conçu le premier objet. 
 
Il parait que des centaines de milliers d'objets sont recueillis dans les campagnes françaises par des amateurs chaque année.  La plupart sont, intrinsèquement sans valeur. Par contre il peut être intéressant d'avoir connaissance de leur découverte (nature des objets, nombre, lieu précis, photos, etc).
Un particulier qui fait part de sa découverte se voit aussitôt soupçonné de fouille illégale, les objets sont confisqués, en somme il est frustré et pris pour un gangster.
La prochaine fois il fermera sa g.....
Je dis : Il ne faut pas laisser tout faire aux spécialistes !

(latin amator, celui qui aime)
Un amateur est toujours déconsidéré. Bénévoles pour la plupart, ne comptant par leurs heures pour compléter leurs connaissances. Certains pourraient en remontrer à nombre de professionnels. D'ailleurs il n'y a pas si longtemps il n'y avait que des amateurs. Il faut bien commencer non ? Bien sur il y a eu de vulgaires chercheurs de trésor, mais aussi d'authentiques amateurs qui ont cherché à comprendre et à mieux connaître le passé, notamment les anciennes civilisations.
S'il n'y avait eu que des spécialistes, des quantités d'objets et de sites seraient toujours enfouis et nous ne connaitrions beaucoup moins de chose de notre histoire et préhistoire. Quelques hommes de terrain avec une pelle et une truelle et un tas de bureaucrates ne peuvent pas faire avancer beaucoup la connaissance. C'est d'ailleurs vrai dans tous les domaines.

Alors pourquoi ne pas associer ces amateurs à la recherche. Un compliment plutôt qu'un reproche lorsqu'ils apportent leurs découvertes. Leur remettre un carnet de fiches techniques qu'il complèteront sur le terrain, les inciter à une meilleure approche technique et à plus de respect du site. Ensuite les inviter à participer à la fouille et au travail de laboratoire. Ils auraient libre disposition des objets sans réel intérêt historique et la responsabilité de la conservation de certains objets avant prise en charge sérieuse par un musée. La plupart seraient d'accord c'est certain. Et puis profiter d'une main-d'oeuvre gratuite ne serait pas pour déplaire à notre ministère. 

Ah !  si tous les spécialistes étaient aussi des amateurs !

                                                              
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